Du fait des restrictions de déplacements et de l’impossibilité d’aller sur l’Oyapock en raison de l’état d’urgence sanitaire, l’association a impulsé une réflexion avec les jeunes et les partenaires pour définir les priorités, envisager les actions possibles et décider collectivement.
Il a été décidé d’organiser un centre de loisirs en partenariat avec l’association Lili’Tig afin de proposer des activités sur le littoral pour les jeunes des communes de l’intérieur qui ne pouvaient pas rentrer chez eux durant les vacances d’octobre 2020.
Nous avions sélectionné 2 sites naturels pour ce séjour :
- WOKA à Tonnegrande du 26 au 30 octobre pour sa proximité avec le littoral. Ça nous permet de faciliter le lien avec les intervenants initialement prévus sur la Pirogue qui pourront proposer des activités aux jeunes sur le site de WOKA.
- L’ADNG à Saint-Laurent du 30 octobre au 06 novembre pour l’immersion en nature, les activités de plein air et traditionnelles.
Ce double ancrage a été l’opportunité pour les jeunes de découvrir deux espaces et une diversité d’activités par des intervenants de l’ouest et du centre littoral.
Activités culturelles et de loisirs :
Atelier Roucou : un animateur avait ramené du Roucou pour faire un atelier. Les jeunes se sont rapidement lancés dans l’élaboration de dessins sur eux-mêmes, sur les autres et sur les animateur.rice.s. Cette activité a perduré pendant les temps libres puisque les pots de roucou et les pinceaux sont restés à disposition de tous jusqu’à la fin du séjour.
Fabrication de Ciel de Case : menée par Ti’iWan Couchili, l’activité n’était pas nouvelle pour la plupart des jeunes, mais a été apprécié par tous. Au lieu de prendre une journée, l’activité a été découpée en 2 après midi de 3 heures chacune. De très belles œuvres en sont ressortis et les jeunes qui connaissaient ont accompagné et aidé ceux qui s’en sortaient le moins bien ou ceux qui ne connaissaient pas les règles du remplissage couleurs.
Cours de danse : la compagnie Libi na Weli est venu au centre 4 matins pour donner des cours de danse contemporaine aux jeunes. Les jeunes ont eu de nombreux exercices d’expression corporelle : chorégraphie, improvisation, respiration, … Ils ont pu créer eux-mêmes des enchainements qui ont été par la suite incorporés à la chorégraphie finale. Au terme de ces 4 jours d’entrainement, les jeunes ont pu montrer leurs chorégraphies lors d’un spectacle à Saint-Laurent regroupant différents groupes de stagiaires en danse. Bien qu’ils soient débutants contrairement aux autres, la chorégraphie choisie par leur professeur de danse leur a permis de présenter un beau spectacle avec assurance. A la fin tous ont pu danser avec les Saint-Laurentais dans le respect de la distanciation sociale, un beau moment de convivialité.
Séance photos avec du Genipa : un atelier photos avec la photographe Samia Maquigny avait été prévu, cependant nous ne savions pas exactement quel jour cette photographe passerait au centre ce qui fait que l’activité est restée une surprise jusqu’au jour même. Les jeunes avaient 1 heure pour se préparer (temps largement dépassé), il.elle.s se sont coiffés de manière complexe et se sont tatoués les uns et les autres au genipa et au roucou avant de poser chacun.e leur tour pour la photographe qui travaille sur une série de portraits amérindiens.
Ateliers divers : Soirée jeux animé par Jwé sé Jwé, sculptures en argile, fabrication de bracelets brésiliens, perles, pâtisserie, dessins, etc. Les ateliers manuels ont été très appréciés. Les bracelets brésiliens par exemple avaient été introduits aux jeunes au début du séjour lors d’une veillée calme (mis à part une jeune fille aucun.e ne connaissait) et ils en ont fait tous les jours jusqu’à la fin des vacances.
Les jeunes ont également préparé et animé une soirée Cabaret qui fût l’occasion pour chacun.e d’entre eux.elles de montrer leur talent. Ils ont décoré la scène et travaillé pendant plusieurs jours lors des temps libres leur spectacle afin d’être prêts pour cette soirée.
Cours de théâtre : animé par Miremonde de l’association ALTERRE. Cette activité a contribué à mettre à l’aise les jeunes sur une scène, de dont ils se sont servis à de nombreuses reprises dans les différentes activités du séjour (spectacle de talents organisé par les jeunes, spectacle de danse devant un public à Saint-Laurent, prise de parole devant des journalistes).
Espaces d’expressions et de paroles :
L’atelier vie sexuelle et affective, animé par l’équipe, a eu un vif succès auprès des jeunes qui ont pu partager leur expérience, poser de nombreuses questions, se renseigner pour des proches. Nous avons été surpris de la facilité avec laquelle les jeunes se sont confiés en présence de l’équipe, des liens de confiance que nous avions pu créer en quelques jours qui ont permis une forte participation sur un sujet pourtant intime et parfois délicat à aborder.
Le théâtre-forum sur les oppressions et les discriminations, animé par l’équipe, outil du théâtre de l’opprimé, le théâtre-forum permet au groupe de mettre en scène et d’agir collectivement sur des situations insatisfaisantes. Chaque groupe a pu jouer une scène de situation d’oppression devant les autres. Les scènes ont été rejouées 4 fois, ce qui a permis aux jeunes de se prendre au jeu, les spectateurs pouvant intervenir sur scène pour modifier un geste, une parole, ou prendre la place du personnage pour améliorer la situation d’origine. Les jeunes ont abordé les thèmes de la jeunesse, de la communauté amérindienne, des genres et de l’orientation sexuelle.
Word Café : être jeune amérindien sur le littoral, autour de 3 tables, les jeunes ont échangé entre eux autour de 3 sujets qui les concernent : le lycée, les familles hébergeantes et le séjour vacances jeunes. Les retours qu’ils ont fait à l’équipe de cet atelier étaient très positifs. Ils ont apprécié pouvoir parler librement, se soutenir, partager leurs expériences et parfois la prise de conscience d’un mal-être ou de situations discriminantes.
Réflexion autour de l’identité, animée par une intervenante (association Allant Vers), premier atelier d’expression qui a permis l’adhésion du groupe, cette réflexion a abordé les questions suivantes : qu’est-ce que c’est que d’être jeune ? D’être un amérindien ? d’être un jeune chez les amérindiens ? Le sujet les concernait et les jeunes tenaient à donner leur avis. Une affirmation était énoncée par l’intervenante et les jeunes se regroupaient en fonction de leur adhésion ou non à cette affirmation, puis débattaient entre eux du sujet.